Comment la culture du bourgou a transformé la vie de M. Amadou Salou, un agriculteur-éleveur au Niger !
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Dans le village de GAYA au Niger, M. Salou Amadou se distingue comme un agriculteur passé maître dans l'art de cultiver le bourgou une plante fourragère peu connue mais d'une grande valeur. Depuis 40 ans, M. Salou s'occupe de ses champs transformant ce qui était autrefois une culture négligée en une pierre angulaire de sa réussite dans l'élevage.
« Lorsque j'ai commencé, le bourgou n'était pas très connu » se souvient M. Amadou. « Même moi je ne comprends pas tout à fait son potentiel. Mais j'ai remarqué quelque chose de remarquable : mes animaux nourris au bourgou étaient en meilleure santé et plus forts que les autres. Quand les gens ont commencé à me demander mon secret je leur disais simplement : c'est le bourgou ».
La nouvelle s'est rapidement répandue au sein de la communauté et les agriculteurs locaux se sont empressés d'obtenir des semences de bourgou. Ce qui n'était au départ qu'un modeste effort pour nourrir son propre bétail s'est transformé en une entreprise lucrative. « Lorsque les agriculteurs ont réalisé à quel point le bourgou était nutritif pour leur bétail, la demande a grimpé en flèche. J'ai commencé à vendre du bourgou aux vendeurs de fourrage et c'est devenu une source régulière de revenus » explique M. Amadou.
Le bourgou scientifiquement connu sous le nom d'Echinochloa stagnina est une plante fourragère résistante appréciée pour sa haute valeur nutritionnelle et sa capacité d'adaptation à des conditions difficiles. Réintroduit au Niger dans les années 1980 par les Vétérinaires sans Frontières, le bourgou a trouvé un habitat naturel dans les plaines inondables et les sols alluviaux d'Afrique de l'Ouest prospère dans des environnements humides et fertiles similaires aux rizières.
La culture du bourgou nécessite des soins méticuleux. L'expérience de M. Salou souligne l'importance de chaque étape :
« La première étape consiste à préparer le sol. Nous sélectionnons les sols fertiles des vallées et les débarrassons des débris. Ensuite, nous travaillons en profondeur pour améliorer l'aération et niveler le sol. Une bonne préparation permet aux plantes de pousser en force. Le bourgou prospère sur les sols lourds et fertiles. Un travail et un nivellement minutieux sont nécessaires pour améliorer la distribution de l'eau et la croissance des racines. Une fois que le sol est prêt, les agriculteurs peuvent soit semer directement des graines ou planter des boutures prélevées sur des tiges vigoureuses de 40 cm avec trois ou quatre entre-nœuds. Le repiquage se fait à une profondeur de 10 cm, en veillant à ce que les boutures s'enracinent rapidement dans le sol humide. Un bon espacement est nécessaire pour éviter la concurrence entre les plantes. Cette méthode garantit que les plantes s'enracinent bien et poussent vigoureusement » ajoute M. Amadou.
Une irrigation régulière est importante car le bourgou a besoin de beaucoup d'eau pour se développer :
« Nous maintenons un niveau d'eau constant dans les champs comme dans les rizières » explique M. Amadou.
Les engrais organiques tels que le biochar ou le bokashi recommandés par PlantVillage, enrichissent le sol et apparaissent une croissance vigoureuse. La délimitation des planches par des canaux peut faire l'objet d'une irrigation optimale qui favorise encore la croissance des cultures.
La récolte du bourgou est une tâche délicate qui demande précision et attention. La plante fourragère possède des feuilles longues et pointues qui peuvent couper les doigts et provoquer des irritations de la peau. Pour éviter ces risques, le coupeur doit porter des vêtements de protection : manches longues, lunettes, gants et bottes. À l'aide d'une faucille ou d'un couteau bien aiguisé, les tiges sont coupées à la base en laissant environ 10 cm pour favoriser la repousse.
Les tiges fraîches peuvent être des données directement au bétail mais M. Amadou ajoute que « le bourgou frais est meilleur pour le bétail mais il peut provoquer des indigestions chez les animaux d'ou la nécessité de les déparasités au préalable avant de leur donner à consommer . Il peut également être séché et stocké pour une utilisation ultérieure » .
Le séchage est essentiel pour préserver la valeur nutritionnelle du fourrage. Une fois bien sèches, les tiges de bourgou doivent être stockées dans un endroit sec et bien ventilé pour éviter les moisissures et les dégradations. Le stockage en sacs de 100 kg facilite la manutention et le transport.
Pour M. Amadou la culture du bourgou a eu un effet transformateur : « Grâce au bourgou j'ai pu construire ma maison, acheter une moto et payer la scolarité de mes enfants. Je suis père de sept (07) enfants et deux (02) femmes. J'ai à ma possession deux (02) vaches, deux (02) veaux, quatre (04) boeufs et deux (02) ânes que j'alimente avec le bourgou. Aujourd'hui, j'ai même exporté des boutures de bourgou en Côte d'Ivoire » partage-t-il fièrement.
Cependant, le voyage (tout le processus de culture du bourgou) n'est pas sans difficultés. Le bourgou est menacé par des ravageurs, des maladies et des mauvaises herbes qui nécessitent une gestion vigilante. Les agriculteurs comme M. Amadou ont appris à utiliser des mesures préventives et réactives pour protéger leurs cultures ce qui permet au bourgou de rester une source d'alimentation fiable et de haute qualité pour le bétail.
Au-delà de la ferme, le bourgou offre d'importantes opportunités économiques. Sa haute valeur nutritionnelle le rend très recherché par les éleveurs de bétail tant au niveau local que régional : « La demande de bourgou est constante ce qui crée un marché lucratif pour les agriculteurs qui en cultive » déclare M. Amadou.
Le bourgou est plus qu'une simple culture : c'est une bouée de sauvetage pour des agriculteurs comme M. Salou Amadou et un élément clé de l'agriculture durable dans la région. En investissant dans le bourgou, les agriculteurs peuvent s'assurer un revenu régulier, améliorer la santé de leur bétail et contribuer à la résilience de leurs communautés.
Le parcours de M. Amadou témoigne de la force du dévouement et du potentiel inexploité de cette plante remarquable.